Les dolmens

Le dolménisme

Le dolménisme est apparu vers 5000 avant notre ère au sud du Portugal, dans les provinces de l’Algarve et de l’Alentejo. Il a ensuite essaimé sur la façade atlantique de l’Europe. Outre au Portugal, on trouve des dolmens en Espagne, en Irlande, en Grande Bretagne, aux Pays- Bas, en Belgique, au Danemark, au nord de l’Allemagne, au sud de la Scandinavie. En France, on compte, de loin, le plus grand nombre de dolmens. Le dolménisme est l’une des manifestations du mégali­thisme, du grec mega grand et lithos pierre. L’autre forme d’utilisation de gros blocs est l’érection de menhirs, isolés ou en alignements, voire implantés en cercle, les cromlechs, érigés principalement vers 3000 avant notre ère.
Ce mode de construction s’est répandu par la suite en Asie, Japon et Corée en particulier, Afrique, surtout au Maghreb et en Éthiopie, à Madagascar et en Amérique du Sud, en Colombie et en Équateur.

Le dolménisme européen correspond à la période néolithique
(5000 av. J.-C.), à sa transition chalcolithique et au début de l’âge des métaux (2000 av. J.-C.).


Les dolmens Quercynois

Les dolmens quercynois sont particulièrement nombreux, de l’ordre de huit cents si on compte le Lot et le Tarn-et-Garonne qui représentent l’ancienne province. Il n’y a guère qu’en Aveyron que ce nombre est dépassé avec au moins mille monuments.
La forme la plus répandue est le dolmen simple, qui a pu contenir de cinq à cinquante individus selon ses dimensions. Suivent les dolmens à couloir ou à vestibule, et quelques dolmens doubles. Peu de dolmens quercinois ont fait l’objet de datations radiocarbone (C14). Les périodes représentées vont du Néolithique final, vers 3200 A.C. jusqu’au Chalcolithique, puis au Bronze ancien, vers 1800 A.C. Le mobilier découvert semble indiquer que dans l’ensemble, le dolménisme quercinois a eu sa période la plus active à la transition Néo/Chalcolithique. Des réutilisations ont eu lieu parfois, à l’âge du Bronze moyen ou final (1500 – 900 av. J.-C.), au premier âge du Fer (900- 450  A.C.), à la Tène (450 – 52 A.C.), et même à la période gallo-romaine.


Le sentier d'interpretation des dolmens de miers 

Les dolmens de Barrières

dolmen de Barrières


Parmi les quatorze dolmens de la commune de Miers, ceux de Barrières sont au nombre de trois. Le premier, inclus dans un tumulus d’une vingtaine de mètres, n’a plus de table, peut-être récu­pérée pour faire un seuil de maison. Il a fait l’objet, en 1846, d’une fouille menée avec les méthodes hâtives de l’époque. On y aurait trouvé dans la chambre sépulcrale, chose étonnante, un seul squelette accompagné d’une épée en bronze, d’un « petit objet » non précisé en bronze, des élé­ments de collier en os, des fragments de poterie. Cette inhumation correspond à une réutilisation du premier âge du Fer. Un second squelette aurait été retrouvé à l’extérieur de la chambre, le long d’un ortho­lithe.


Le deuxième n’a que deux ortholithes, la dalle de fond ou chevet et l’ortholithe droit. Son tumulus a disparu, grignoté par les ans et par les hommes : il se dressait au milieu d’une vigne. 


Le troisième est l’un des plus majestueux du Lot avec son tumulus de 25 m de diamètre et 1,50 m de hauteur. Sa table rectangulaire pèse environ 20 tonnes. La chambre est de dimensions plutôt modestes. La présence de petites dalles à l’entrée en fait un dolmen à vestibule. On ignore à quelle époque il a été fouillé et quels ont été les résultats de la fouille. 


L'habitat à l'époque des dolmens

En Quercy, seules les fouilles en grotte ou au-devant des cavités ont permis de découvrir des habitats de la période néolithique ou chalcolithique. Sur un sol où affleure le rocher, nulle possibilité d’ériger des fondations ; la terre étant rare, nulle possibilité de voir des mouvements de sol recouvrir des vestiges et ainsi les conserver. C’est donc l’érosion naturelle qui a gommé la présence de villages ou de hameaux préhistoriques. Toutefois, le secteur de Barrières était favorable à la présence hu­maine. La nappe phréatique y est accessible en plusieurs endroits. À l’époque historique, des puits et des « lacs » de Saint-Namphaise y ont été aménagés.




Exemples de mobilier dolménique lotois

En haut : armatures diverses et lame de faucille

Au milieu : bouton en os, coquillages, éléments de parure en os et en calcaire
En bas : pendeloque, boutoir de sanglier, galet de quartz

Les dolmens

Le principe de construction des dolmens est l’emploi de grosses dalles plantées verticalement (les ortholithes ou orthostates), délimitant une chambre de dimensions variables, et que l’on cou­vrait d’une ou plusieurs dalles formant une « table ». La chambre pouvait être précédée d’une sorte de couloir, également délimité par des dalles dressées. Dans le Lot, plusieurs dolmens comportent deux chambres accolées. L’allée couverte (absente en Quercy) est une succession de chambres join­tant les unes aux autres. Tous ces éléments étaient enchâssés dans un tumulus, accumulation de dalles, blocs, cailloutis, terre plus ou moins ordonnancés.

Dolmen simple 

Dolmen à vestibule

Dolmen double

Les chambres pouvaient être de forme carrée, rectangulaire, quasi circulaire, ou triangulaire comme bien des dolmens irlandais. Leur orientation varie selon les pays. En Quercy, elle semble se rapporter majoritairement au soleil levant.

Les dolmens sont des tombes puisque ce sont des caveaux dans lesquels on a enterré plu­sieurs personnes, et même parfois plusieurs centaines de personnes au cours de décennies, et quelque­fois de plusieurs siècles d’utilisation. On les considère également comme les premiers monu­ments faits par l’Homme, bien avant les pyramides égyptiennes. Car la grandeur de certains dolmens est manifestement le marqueur de l’importance sociale ou politique d’un groupe humain..

Le contenu des dolmens

Quand on fouille une cella ou chambre sépulcrale, on y trouve des os humains plus ou moins bien conservés, des dents dont la dureté garantit une bonne conservation, le tout permettant de déterminer le nombre d’inhumations, l’âge, parfois le sexe. Comme aucune recherche ADN à grand échelle n’a été jusque-là menée, on ne sait qui était enterré dans la chambre sépulcrale : une famille, un clan, une tribu ? Toutes les classes d’âges sont représentées, des nourrissons aux vieillards.

Outre les restes humains, on met au jour le plus souvent des objets de parure, colliers de perles en os, en coquillages, des pointes de flèche, quelquefois des poignards, des couteaux à mois­sonner en silex, et pour les utilisations les plus tardives, des objets en cuivre ou bronze. Parfois, à l’instar des caveaux modernes, on découvre devant l’entrée des vases en céramique ayant contenu des offrandes.

Guy Maynard
Extrait de la contribution de l’auteur à l’ouvrage :
Le hameau abandonné de Barrières (Miers-Lot) – Glanures, regards et déambulations

Sous la direction de Caroline Mey-Fau et Gilles Fau (Éditions Racines-2013)

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